dimanche 11 octobre 2009

EPISODE 35 : LE DERNIER CHAPITRE : LA RESURRECTION DES LEODIENSIS (Partie 6)

Barnier : Entrez, jeune fille.
Sarah : Merci.

La demoiselle suit le vieil homme jusqu'au salon. En regardant cette vaste pièce, elle ne peut s'empêcher de repenser à ce fameux soir d'hiver où l'appartement était sans dessus dessous. Barnier l'invite à s'asseoir dans le grand canapé trois places. Il s'installe à son tour.

Barnier : Bon. Maintenant, expliquez-moi ce que vous savez.
Sarah (hésitante) : C'est... Comment dire... Samedi, Arnaud et moi étions en discothèque. Et, à un moment donné, j'ai été abordée par un type ; vous savez, le genre « séducteur » qu'on trouve toujours dans les boîtes de nuit. Arnaud a vu son petit jeu et est parti subitement. Je l'ai cherché en ville en pensant qu'il était retourné chez lui. Je l'ai aperçu sur la Passerelle en allant vers le quartier d'Outremeuse. Il était saoul. Il tenait une bouteille d'alcool en main. Je lui ai demandé si tout allait bien et... Et il m'a sorti ce papier. (Sarah tend celui-ci à Barnier) Tenez.
Barnier : De quoi s'agit-il ?
Sarah : C'est une page d'un livre sur l'histoire des Leodiensis.

A l'écoute du nom « Leodiensis », Barnier, le regard fixé sur cette feuille jaunie, s'exclame.

Barnier : Mais... Vous... Vous connaissez les Leodiensis ?!
Sarah : Non... Enfin, je... Arnaud m'en a parlé.
Barnier (abasourdi) : Alors il l'a fait !
Sarah : Qui ? Qui a fait quoi ?
Barnier : Arnaud vous a parlé des Leodiensis !
Sarah (surprise) : Oui, et alors ?
Barnier (nerveux) : Que vous a dit Arnaud ?
Sarah (bégayant) : Il... Il m'a dit qu'il... Enfin, qu'il était... Qu'il n'était pas lui-même. Enfin, vous comprenez...
Barnier : Non ! Je ne comprends pas. Exprimez-vous clairement !

Le téléphone portable de Sarah se met à sonner. Sur l'écran s'affiche le nom du correspondant : Arnaud.

Sarah : Exc... Excusez-moi. Arnaud vient de m'envo...
Barnier (sur un ton étonnament placide) : Je vais dans la cuisine. Je reviens...

Sur l'écran de lecture, un texto : « Sarah, resonne-moi dès que tu peux. Je t'aime. »

La jeune fille compose le numéro d'Arnaud sur le clavier. La sonnerie s'enclenche. Au bout de quelques secondes, le garçon décroche.

Arnaud : Sarah ! T'es où, là ?
Sarah : Chez Barnier.
Arnaud : Chez Barnier ? Mais... Mais que fais-tu chez lui ?
Sarah (embarrassée) : Je... Je viens prendre de ses nouvelles.
Arnaud (surpris) : De ses nouvelles ? C'est nouveau, ça ! Depuis quand t'intéresses-tu à lui ? Je...
Sarah : Ecoute, je n'ai pas de cours ce soir alors je peux bien faire ce que je veux, non ?
Arnaud : Sarah... Je... Je crois que je n'aurais pas dû me comporter comme je l'ai fait samedi...
Sarah : Ne t'inquiète pas pour ça...


Dans la cuisine, Barnier retire délicatement un large couteau d'un socle en bois. Il entend en bruit de fond la conversation de Sarah.

Arnaud : Je voudrais que tu saches à quel point je t'aime...
Sarah : Moi aussi, je t'aime, Arnaud. Et ce que tu es ne change rien à ce que j'éprouve pour toi.

Barnier place son couteau sur un aiguiseur sorti d'un tiroir à coulisses. Il passe lentement la lame sur la fente de l'appareil. Le frottement provoque un son métallique aigu.

Barnier (à voix haute) : Sarah, voulez-vous boire quelque chose ?
Sarah (interrompant sa conversation avec Arnaud) : Oui, je veux bien une orangeade si vous en avez.
Barnier : Bien sûr ! Je vous apporte ça tout de suite.
Arnaud : Tu n'as rien dit à Barnier, j'espère ?
Sarah (gênée) : Dire quoi ?
Arnaud : Tu sais bien ce que je veux dire... Rassure-moi : tu ne lui en as pas parlé ?
Sarah : Je... Je crois que...

Barnier dépose le couteau sur la planche de travail de la cuisine. Il prépare un verre de soda tout en y versant plusieurs cuillerées d'une poudre blanche.

Arnaud (sur un ton inquiet) : Tu crois que quoi, Sarah ?
Sarah : Je... Je lui ai avoué que je savais tout.
Arnaud (moment de silence) : ... Quoi ?
Sarah : Je viens de lui dire que...
Arnaud (sur un ton de plus en plus nerveux) : T'as pas pu faire ça ! (Moment de silence) Tu lui as répété tout ce que je t'ai dit ? Nom de Dieu !!
Sarah : Non, je.. Je lui ai juste dit que je savais.
Arnaud : Je viens ! Je suis là dans un quart d'heure ! Parle-lui, c'est tout ce que je te demande. Pose-lui des questions !

Sarah place son portable en mode silencieux. Barnier rejoint la jeune fille dans le salon.

Barnier (en lui présentant le verre d'orangeade) : Tenez.
Sarah : Merci.
Barnier (en s'asseyant) : Alors, expliquez-moi ce que vous savez.
Sarah (décontenancée par la question) : Eh bien, je... Comment dire ? (Moment de silence) Je sais juste qu'Arnaud n'est pas...
Barnier (l'interrompant) : Qu'Arnaud n'est pas... Arnaud ?
Sarah : Oui... Enfin, je crois...
Barnier : Qu'Arnaud est un clone.
Sarah : (Moment de silence)...
Barnier : Vous ne dites rien ?
Sarah : Heu si, si, bien sûr. Je...
Barnier (sur un ton posé) : (Moment de silence) Arnaud est un clone. Et les autres le sont aussi.
Sarah : Les autres ?
Barnier : Oui, les autres. Marc, Caroline, Grégory, Lionel, Jessica, Vanessa, Rachel...
Sarah : Comment tout cela est-il arrivé ?
Barnier : C'est une longue histoire mais c'est d'elle que vient ma fortune. Et c'est cette longue histoire qui a façonné ma carrière.
Sarah : Une longue histoire ? Que voulez-vous dire ?
Barnier : Puisque vous voulez vraiment tout savoir, alors je vais lâcher le morceau. A moins que... A moins qu'Arnaud n'ait omis aucun détail de toute cette affaire ?
Sarah : Arnaud m'a juste parlé de lui et de sa famille.
Barnier : Bien... Bien, bien... (Long moment de silence) J'ai gagné ma vie grâce à la génétique. J'ai démarré ma carrière en Allemagne. C'est là que j'ai rencontré un certain Henry de Sinlambert, qui allait devenir un généticien de renom. Nous avons été formés sur les mêmes bancs, à l'Université de Düsseldorf, l'une des plus réputées dans le domaine de la génétique. Il y avait aussi un autre étudiant, un dénommé Wakhner Hartmann. Henry de Sinlambert nous a raconté, à Wakhner et à moi-même, l'histoire de sa famille. Nous avons ainsi appris qu'Henry était originaire de Liège comme moi. Depuis ses études secondaires, il était obsédé à l'idée de cloner ses ancêtres.
Sarah : Pourquoi votre ami voulait-il cloner ses ancêtres ?
Barnier : Henry de Sinlambert était le descendant de la plus ancienne dynastie liégeoise. Mais au Xe siècle, ses aïeux ont été condamnés à mort par l'empereur germanique, qui voulait avoir la mainmise sur Liège et sa région. Mais c'est une histoire trop longue à exposer ici.
Sarah : Mais pourquoi l'empereur s'intéressait-il à Liège ? C'était une petite ville, non ?
Barnier : La Meuse... C'est elle qui a donné toute son importance à la ville. Lorsqu'il y a un fleuve, il y a toujours un potentiel économique fort. L'empereur convoitait notre cité pour son fleuve et son emplacement géographique.
Sarah : Et que s'est-il passé avec ce Henry ?
Barnier : Lorsque nous sommes sortis de l'université, nous avons travaillé quelques années dans la recherche. En réalité, nous n'avions pas vraiment quitté l'université. Nous travaillions pour le Fonds de la recherche scientifique à Düsseldorf. Ca a duré environ cinq ans. Wakhner, lui, a continué ses études en chimie. Nous l'avons perdu de vue durant plusieurs années. Jusqu'au jour où... (Moment de silence. Flash-back avec images de souvenirs) Jusqu'au jour où Henry l'a revu par hasard à une soirée de retrouvailles à la Fac des Sciences. Et c'est là que nous nous sommes mis à discuter du projet de Henry.
Sarah : Le projet... De clonage, vous voulez dire ?
Barnier : C'est exact.
Sarah : Attendez, il y a une chose que je ne comprends pas. Le clonage n'existe que depuis les années 90, n'est-ce pas ?
Barnier : Oh non ! Ca, c'est ce que tout le monde croit. Mais c'est faux !
Sarah : Pourtant, le premier clone, c'est... C'est la brebis Dolly, non ?
Barnier (sourit) : Non... Les médias se sont focalisés sur elle mais il y a eu des clones d'animaux bien avant. Vous allez être surprise, chère demoiselle, mais le premier clonage date en réalité de 1952 ! A l'époque, il s'agissait de batraciens. Et le premier essai de clonage humain date, lui, de 1979... Par un scientifique américain du nom de Shettles.
Sarah : Ca ne peut pas être le premier essai puisque Marc a plus de trente ans !
Barnier : Exact ! L'année 1979 pour le premier clonage humain est l'information officielle, celle relayée par les revues scientifiques, les ouvrages de vulgarisation, les encyclopédies, les manuels de sciences et j'en passe. Mais, à vrai dire, Marc demeure à ce jour le premier clone d'une personne décédée près de mille ans auparavant. Il est né en 1974, année du premier clonage non officialisé par la communauté scientifique.
Sarah : Et pour quelle raison ?
Barnier : Parce que personne ne devait être au courant du projet. Henry de Sinlambert a hérité d'une fortune considérable amassée par ses ascendants au fil des siècles. L'empereur germanique s'était débarrassé de la majeure partie des Leodiensis. Et pour ceux qui ont échappé à ces jugements, ils ont hérité eux-mêmes de terres issues de leurs mariages secrets avec d'autres dynasties. Des centaines de millions de francs se sont accumulés au fil des siècles. Henry était le dernier descendant. Il ne pouvait pas avoir d'enfants. Et comme il savait que la génétique guiderait sa carrière, la solution était toute trouvée : le clonage.


Bibliothèque du Département d'Histoire de l'art. Lundi 9 mars. 17 heures 02. A l'entrée de la bibliothèque, Arnaud vient d'éteindre son portable. Il pénètre dans la salle de lecture d'un pas pressé. Il arrache son sac sans regarder son camarade plongé dans l'analyse d'un article. Celui-ci l'interpelle à voix basse pour ne pas déranger les quelques étudiants concentrés sur leurs lectures.

Le garçon : Hé... Hé Arnaud ! Où tu vas comme ça ?
Arnaud : Je dois partir. Je vais rejoindre ma copine. Je te laisse.
Le garçon : Mais on a un travail à finir pour merc... !
Arnaud (interrompant son camarade) : Je sais mais je te sonne tout à l'heure ou demain ! T'inquiète...

Le jeune homme franchit la porte de la bibliothèque qui le mène dans le long couloir du premier étage. Une musique au rythme nerveux suit Arnaud dans sa course contre le temps. Dans moins de dix minutes, il devra se retrouver en face de Barnier.

Retour sur la scène de Barnier.

Sarah : Et vous avez alors collaboré à ce projet...
Barnier : Exactement. Nous avons démarré tous les deux. Mais Wakhner fut rapidement mis de côté. Il n'avait pas le même cursus que nous. Mais le problème ne résidait pas dans ses lacunes scientifiques. Il était tout à fait compétent. Cependant, cet homme était psychotique. Son nom était lié à une affaire de moeurs qui nous aurait conduits à l'échec de notre projet commun. Henry s'est débarrassé de lui en prétendant qu'il n'était pas suffisamment formé pour se lancer dans une entreprise aussi vaste. Wakhner a très mal pris cette décision. Il s'est juré de se lancer dans l'aventure seul et de nous faire la peau dès qu'il en aurait l'occasion. Je ne l'ai plus jamais revu. J'ai juste appris dans le journal de l'Université de Düsseldorf qu'il était décédé à la fin des années 80. (Moment de silence) Henry et moi avons créé notre propre société de clonage humain. Mais comme ce genre d'initiative était illégale, nous nous sommes spécialisés dans les biotechnologies, histoire de camoufler nos activités. Le clonage s'est effectué dans le plus grand secret avec les fonds de la famille Leodiensis, rebaptisée « Sinlambert ». Il nous était impossible de recevoir des subsides ou de financer ce projet avec les bénéfices de notre société. La comptabilité de la société était surveillée dans ses moindres détails. Nos actionnaires ne pouvaient pas être au courant de nos obscures expérimentations. Le clonage s'est fait durant nos heures perdues. Ca a pris du temps... Plusieurs années... Au détriment parfois de notre carrière scientifique "officielle". Et en 1974, Marc est né d'une mère porteuse qui ignorait tout de la situation. Sont venus ensuite Caroline, Grégory, Vanessa, Lionel, Rachel, Arnaud...
Sarah : Je... Je n'arrive pas à...
Barnier : Ca paraît à peine croyable, n'est-ce pas ? Et pourtant, ils sont bien là.
Sarah : On se croirait dans un film de science-fiction...
Barnier : Au XXe siècle, nous avons vécu toutes sortes d'évolutions... Avec la génétique, le clonage est devenu une réalité. Avec la brebis Dolly, les gens étaient déjà surpris par les prouesses de la science. Mais imaginez s'ils avaient été informés des clonages humains effectués quinze ou vingt ans auparavant. Le problème d'un humain cloné est qu'il devient un phénomène de foire, une attraction. Il ne peut jamais être vu comme un individu à part entière. Parce qu'il n'est tout simplement pas un individu à part entière !
Sarah : Arnaud m'a dit que vous les aviez surnommés le Réseau. Pourquoi ?
Barnier : Il fallait une dénomination pour Marc, Caro, Vanessa et les autres. C'était le nom du projet. Et puis le Réseau ne se réduit pas seulement à ceux que vous connaissez...
Sarah (surprise) : Que voulez-vous dire ?
Barnier : Il y a d'autres « descendants » clonés. Ailleurs... En Allemagne et en Italie... Les Leodiensis ont de vrais descendants dans ces deux pays-là, suite aux diverses migrations de la famille. Et à côté de ces descendants, il y a ces fameux clones.
Sarah : Combien sont-ils au total ?
Barnier : Il y en a précisément quatorze. Nous avons cessé le clonage il y a quinze ans. Quinze ans, c'est l'âge d'une jeune fille qui vit en Allemagne. La dernière copie conforme d'un ancêtre âgé de plus de mille ans...
Sarah : Vous avez des photos ?
Barnier : Bien sûr !

Retour à Arnaud.

Le jeune homme traverse le centre-ville encombré. Il bouscule, freine, replace son sac sur son épaule, tente de se frayer un passage dans le noir de la foule, traverse des passages piétonniers, ignorant la couleur des feux de sécurité. Le ciel est gris. Le visage d'Arnaud rougit au contact de l'air froid. Il doit se dépêcher, courir, se libérer de la foule et rejoindre au plus vite Sarah.

Retour à Barnier.

L'homme se lève et se dirige vers une console à larges tiroirs. Il ouvre le premier de ceux-ci et en sort un album.

Barnier : Tenez... Regardez... (Il lui montre les photographies de deux jeunes filles). Voici Alicia et Alexandra... Barnier. La première a quinze ans et la seconde, dix-neuf.
Sarah : Pourquoi ne vivent-elles pas ici ?
Barnier : Henry étant décédé en 1979, j'ai continué seul l'aventure puis j'ai laissé ma société à mon neveu. J'en suis toujours l'un des principaux actionnaires. Alicia et Alexandra vivent avec lui. Elles sont très bien là où elles sont. Je vais leur rendre visite plusieurs fois l'année. Je reçois aussi des visites de Mattéo, leur cousin d'Italie, cloné il y a une trentaine d'années.
Sarah (en regardant l'album avec les noms indiqués sous les photos d'Alicia et Alexandra) : Pourquoi ont-elles gardé votre nom alors que les autres ne le portent pas ?
Barnier : Parce qu'ici, je voulais éviter tout commérage à mon sujet. Il fallait qu'entre eux et moi, il y ait une certaine distance, vous comprenez ? Le fait de porter chacun un nom différent leur a permis de se recréer une identité propre tout en sachant qu'ils n'étaient pas tout à fait eux-mêmes. C'est purement psychologique.
Sarah : Pourquoi est-ce si important que tout cela reste secret ?
Barnier : Sarah...

Barnier s'assied sur le canapé trois places dans lequel est installé la demoiselle.

Barnier : Sarah... Vous devez comprendre qu'il y a un enjeu extraordinaire dans l'initiative que nous avons prise il y a plus de trente ans. Il y a une fortune colossale derrière cette entreprise. L'héritage des Leodiensis. Cet héritage se devait d'être transmis. Mais à qui ? Après Henry, il ne restait presque plus personne. Chaque membre cloné a hérité d'une partie de cette fortune, à tel point que leur avenir financier est déjà assuré pour les trente prochaines années.
Sarah : Vous voulez dire que, par exemple, Arnaud possèderait déjà une partie de cette fortune ?
Barnier : Exactement. Mais il a l'obligation de rester discret sur sa situation financière. Personne ne doit soupçonner Arnaud d'être un « privilégié ».
Sarah : Et bien on peut dire que jusqu'à présent il a fait preuve de discrétion...
Barnier : Sauf samedi...
Sarah : Il était saoul. Complètement affolé et nerveux. Il avait besoin de me parler...
Barnier : Les clones passent par des phases de doute et d'angoisse. Ils savent qui ils sont mais, en même temps, ignorent qui ils sont. C'est ce que j'ai appelé le « paradoxe identitaire ». J'avais peur pour eux au départ. Je m'étais dit qu'ils ne survivraient peut-être pas à leur état et qu'ils finiraient pas lâcher le secret à leur entourage puis se suicideraient. Le clonage était un risque à prendre. Laura et Mélanie en ont payé les frais, alors qu'elles n'étaient pas des clones. Elles étaient mes filles...
Sarah : Je comprends... Je suis sincèrement désolée...
Barnier : Maintenant que le secret n'est plus, vous comprenez que je ne peux pas vous lâcher comme ça dans la nature...
Sarah : Que voulez-vous dire ?
Barnier : Je vous ai tout dévoilé. Et j'avais promis à Henry de ne jamais révéler quoi que ce soit. Arnaud devait tenir à son tour la promesse du secret.
Sarah : Ecoutez, je... Je vous l'ai dit : il n'est pas question pour moi d'informer mes amis sur...
Barnier : Une parole ne suffit pas dans pareille situation.
Sarah : Vous devez me faire confiance, Monsieur Barnier...
Barnier : Imaginez un seul instant que vous quittiez Arnaud : que va-t-il se passer ensuite ?
Sarah : Non ! Ne pensez pas que je sois capable de faire une chose pareille.
Barnier : Le problème est que vous ne pourrez jamais me le prouver.

Retour à Arnaud.

Devant l'immeuble de Barnier, Arnaud lève son regard vers l'étage du loft. Il s'introduit dans le hall d'entrée, sort de son portefeuille une carte contenant le code d'accès aux ascenseurs. La musique se maintient, appuyant l'angoisse du jeune homme. Les touches du clavier posé sur le mur du hall émettent des notes électroniques semblables à celles d'un portable. La porte vitrée s'ouvre sur les deux ascenseurs aux ventaux métalliques.

Retour à Barnier.

Sarah : Qu'allez-vous faire ?

Le vieil homme sort de sa poche un Magnum 357.

Sarah (sous le choc) : Monsieur Barnier... Qu'est-ce...
Barnier : Je suis désolé, Sarah. Je les avais prévenus. Ils savaient que j'irais jusqu'au bout, que je ne me refuserais rien si un seul d'entre eux révélait le secret.
Sarah (la voix tremblante) : Vous... Vous n'allez quand même pas...

Sarah se met à sangloter. Elle recule lentement, protégeant sa poitrine. Le vieil homme s'avance vers la jeune fille, dirigeant son pistolet vers elle.

Sarah : Je vous en supplie... Ne faites pas ça... S'il vous plaît...

Arnaud sort de l'ascenseur. Surpris par un bruit de détonation, il se précipite vers l'entrée du loft, compose de mémoire les six chiffres du code d'accès à l'appartement et glisse la carte à puce dans la fente située à côté de la porte.

En ouvrant celle-ci, il découvre Sarah en pleurs, appuyée contre la bibliothèque du salon. Sur le sol, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, le corps étendu, le torse tâché de sang : Barnier. Le Magnum lâché par la main droite, l'homme vient de retourner l'arme contre lui... Sa main tremble encore. Sarah, tétanisée, dissimule ses yeux avec ses mains. Arnaud la prend dans ses bras.

Sarah : Je suis désolée... Je suis désolée, Arnaud...

A suivre... L'épilogue et le clip.