samedi 20 juin 2009

EPISODE 29 : TRANSGRESSION (Partie 7)


Parc scientifique du Sart Tilman, à la périphérie sud de Liège. Laboratoire de Police scientifique. Vendredi 6 mars. 11 heures 18.

Le Parc scientifique du Sart Tilman est filmé en hélicam [caméra placée dans un hélicoptère en modèle réduit]. Le lieu est étendu sur une centaine d'hectares, où les parcelles de feuillus côtoient les prés et l'asphalte rénovée des routes sinueuses. Instituts universitaires et laboratoires discrets jouent les tours d'ivoire, dissimulées derrière d'épais murs de branchages où chênes et hêtres se font les gardiens de la Science recluse. Quelques sociétés privées, spécialisées dans les biotechnologies ou l'informatique, viennent parfaire, avec leurs tours de verre et de béton gris terne, le côté artificiel de ce paysage « hors du temps ».

L'hélicam s'approche d'un bâtiment à l'architecture sobre et stricte, dont la superficie doit largement dépasser les sept cents mètres carrés. Un travelling avant lent sur un panneau à l'entrée de cet imposant édifice révèle sa fonction : « Laboratoire de Police scientifique ».

Scène suivante. « Service des Documents et Traces ». Au coeur même du premier étage d'un laboratoire qui en compte quatre, le Service des Documents et Traces opère – entre autres missions - ces fameuses analyses d'empreintes digitales exigées par les enquêteurs de police.

Dans l'obscurité d'un des bureaux où se déroulent ces méticuleuses observations, un informaticien décortique sur un large écran de PC des circonvolutions serrées rappelant vaguement les cercles hypnotiques.

Le responsable du service entre dans la pièce et s'adresse à l'informaticien.

Responsable : Alors, tu as réussi à trouver quelque chose d'intéressant ?
Informaticien : Je suis en train de comparer deux fichiers « gabarit ». L'indice de similitude des minuties des deux empreintes est de 96,7.
Responsable : On est donc proches du 100 !
Informaticien : Il est vraisemblable que des déplacements ou déformations au moment où les images ont été prises aient provoqué une légère différence entre les minuties.
Responsable : Y a-t-il d'autres gabarits aussi intéressants ?
Informaticien : Il n'y a qu'un seul autre gabarit sur lequel il convient de se pencher : celui-ci. (D'un clic, l'informaticien ouvre sur l'écran un autre fichier comprenant un graphique.) L'indice est de 94,2. Ce sont les deux seuls qui se démarquent. Tous les autres sont inférieurs à 80.
Responsable : Quelles sont les identités des deux premiers ?
Informaticien : Le 94 est le résultat d'une comparaison avec l'empreinte digitale d'un dénommé Patrick Lanvin, résidant à Tilff. Les minuties placées au delta, à l'île et au noyau de l'index sont identiques mais il y a de légères variations sur la fin de ligne et sur la bifurcation.
Responsable : Et l'autre ?
Informaticien : L'autre s'appelle Wakhner Hartmann. Mais, d'après les informations, il serait décédé en 1987 et aurait résidé à Düsseldorf... en Allemagne. Si l'on compare les minuties, on s'aperçoit qu'il n'y a qu'une légère variation sur le noyau.
Responsable : Attendez, vous voulez dire que le plus fiable serait... Mort ?
Informaticien : Oui, mais rien ne peut interdire la police d'ouvrir une enquête sur le seul suspect vivant.
Responsable : Patrick Lanvin... C'est un type qui a été condamné pour faits de moeurs, n'est-ce pas ?
Informaticien : Je l'ignore. Il y a tellement de délinquants répertoriés !
Responsable : Ce gars a assassiné une adolescente il y a quelques années. Je m'en souviens très bien car il est domicilié à deux pas de chez moi. D'ailleurs, il a été relaxé car on n'a jamais prouvé sa responsabilité.
Informaticien : Dans ce cas, comment la police a-t-elle pu obtenir ses empreintes s'il n'a jamais été condamné ?
Responsable : Il l'a déjà été pour une autre affaire de moeurs... A l'âge de dix-neuf ans. Là, il avait été condamné à quatre ans fermes.
Informaticien : C'est à ce moment-là qu'il aurait été répertorié alors...
Responsable : Exactement... (Moment de silence) Nous n'avons pas d'autres traces que celles que la police nous a fournies ?
Informaticien : Non, que des traces sur supports poreux : quatre enveloppes au total et seulement deux traces disponibles sur l'une d'entre elles. En tout cas, si c'est lui, il est fort ! Niveau précaution, on peut mieux !
Responsable : Tout de même, c'est la première fois qu'on est face à une situation aussi embarrassante !
Informaticien : Il reste une autre alternative ; elle sera plus coûteuse mais plus efficace que la biométrie digitale. Le Service Biologie pourrait nous aider à y voir plus clair...
Responsable : L'analyse des particules de peau ?
Informaticien : Oui, c'est la seule façon de confirmer le résultat actuel. Il est bien plus fiable que la biométrie. Espérons que ça marche... Mais on devrait en avoir encore pour quelques jours d'analyse.
Responsable : J'appelle la Brigade judiciaire pour les prévenir.
Informaticien : Dites-leur qu'on sera prêts pour le début de la semaine prochaine.
Responsable : Bien...

Sur un fond musical sombre, la caméra s'approche lentement de l'écran affichant en gros plans les images binaires des empreintes digitales. L'informaticien, la main placée sur sa bouche, observe les portraits des deux suspects. Par un mouvement de passe-passe avec le clic de sa souris, il saute d'une photographie à l'autre. A gauche, Patrick Lanvin, en couleurs fades. A droite, Wakhner Hartmann, en noir et blanc...


Liège. Boulevard de la Sauvenière. Restaurant-discothèque « Le Seven ». Samedi 7 mars. 22 heures 14.

Sarah et Arnaud sont installés à une table placée devant une grande baie vitrée semi-circulaire ; celle-ci offre un large panorama sur le boulevard éclairé du centre-ville. Le couple vient de terminer la dégustation d'un menu aussi copieux qu'onéreux . « Le Seven » est l'un des endroits les plus en vogue de Liège : une clientèle jeune et soignée y accapare les vendredis et samedis avant de poser le pied sur les pistes de danse les plus branchées de la cité ardente.

La caméra s'avance lentement sur le jeune couple.

Sarah : Tu n'as presque pas parlé durant le dîner. Que se passe-t-il Arnaud ?
Arnaud : Rien. Tout va bien.
Sarah : Moi, je n'en suis pas si sûre... Depuis que tu es sorti de prison, tu as changé. Comme si tu étais devenu quelqu'un d'autre.
Arnaud : Tu te fais des idées. Pourquoi aurais-je changé ?
Sarah : Je ne sais pas. Peut-être que l'expérience de la prison t'a un peu bousculé dans ta tête. Tu es quelqu'un de sensible, je le sais.
Arnaud : Sensible, moi ? Ah bon... C'est la première fois que tu me dis ça.
Sarah : Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de te le dire auparavant mais je sais que tu l'es.
Arnaud : Soit, si c'est ce que tu penses. Après tout, il y a pire comme défaut !
Sarah : Ce n'est pas un défaut. Enfin, pas pour moi en tout cas. J'aime bien ta sensibilité. Mais là, je te trouve un peu froid depuis quelque temps.
Arnaud : Ma famille traverse une période un peu difficile en ce moment. Alors, je me fais du souci pour eux.
Sarah (ironique) : Ta famille ? Celle que tu ne m'as pas encore présentée ?
Arnaud (ironique également) : Oui, « celle que je ne t'ai jamais présentée » !
Sarah : A part ton richissime Monsieur Barnier dont je ne sais pas grand-chose, je ne connais personne. Pourquoi es-tu si secret avec moi ? Je suis ta petite amie et j'ai le droit de savoir comment tu vis, non ?
Arnaud : En quoi cela t'avancerait-il de connaître ma famille ?
Sarah (dans un soupir) : Je vois...
Arnaud : Pour être honnête avec toi, je n'ai pas vraiment de famille. Même s'il est en âge d'être mon grand-père, Monsieur Barnier est mon père adoptif. Je n'ai pas d'autre explication à te fournir.
Sarah : Donc je n'ai pas le droit de te poser d'autres questions...
Arnaud : Je ne sais rien de plus. Je vis avec lui depuis que je suis petit. Je ne me souviens d'aucun autre adulte que lui.
Sarah : Pas de maman ?
Arnaud : Personne, je te dis.
Sarah : Alors, tu es un enfant adopté ; rien de plus, si je comprends bien.
Arnaud : Voilà, il ne faut pas chercher plus loin. Je ne suis pas le premier et je ne serai pas le dernier dans cette situation.
Sarah : Mais... Il y a une question que je me pose. Qui sont tous ces « frères » et « soeurs » : Marc, Caro, Greg, Rachel... Ne me dis pas qu'il s'en est occupé lui-même ? Avec ses responsabilités, son activité professionnelle, comment aurait-il pu...
Arnaud : Je ne sais pas, Sarah. Je suis un des plus jeunes de la fratrie ! Comment veux-tu que je le sache ?
Sarah : Mais ils n'ont pas tous été adoptés, quand même !
Arnaud : Ne me pose plus de questions. Je ne sais rien, je te dis. Je ne fréquente pas les autres et je ne les ai jamais fréquentés !
Sarah : De là à ne pas savoir s'ils ont été adopt...
Arnaud (l'interrompant brusquement) : N'en parlons plus ! (Moment de silence) Viens, je vais payer l'addition.
Sarah (embarrassée par le ton agressif de son petit ami) : O.K. Allons-y...

Dans le large couloir séparant le restaurant de la discothèque, une musique rythmée et confinée invite les clients à tenter le pas de danse sur la piste.

Sarah : Ca te dirait d'aller danser ?
Arnaud : Pourquoi pas...
Sarah : Viens...

La demoiselle pousse de ses deux mains la double porte de la discothèque. Une chaleur vite étouffante vient s'emparer des jeunes gens. Le son musical s'éclaircit subitement à l'ouverture des portes. Des éclairages discrets aux tonalités froides dispersent leur subtile luminosité entre les silhouettes mouvantes. Les basses de la musique « dance » entraînent les nightclubbers dans des déhanchements presque érotisés, tandis que le disc-jockey, dissimulé dans l'obscurité de ses platines, anime de sa voix suave et juvénile ce début de soirée prometteur.

Sarah (en forçant sur sa voix) : On danse maintenant ?
Arnaud : O.K.

Les spots s'activent, tournent sur eux-mêmes, mettant en valeur les plus beaux spécimens de la piste, ceux qui semblent y être nés, y avoir grandi. Des Travolta ou des Madonna exubérants, sensibles aux moindres changements rythmiques. La caméra se faufile parmi ces "profiteurs de vie urbaine", traçant de leurs corps fins et élancés des lignes sinueuses dans l'espace réduit de leur expression physique. Les luminaires s'allument, s'éteignent et marquent la cadence du moment. Sarah et Arnaud s'offrent le milieu de la piste, comme pour se donner en spectacle. Elle, elle est belle, jeune, fraîche. Les hommes la remarquent. Sa chevelure châtain clair et ses yeux bleus se dévoilent, charmeurs et d'une puissante beauté, dès que les lumières les accrochent. Arnaud s'empresse d'entrer en pleine harmonie avec celle qui attire tous ces regards posés ça et là, mais ses pas sont plus gauches, et son charme moins ostentatoire. La jeune femme s'approche de lui, colle sa ferme poitrine contre ses pectoraux à peine rebondis, place ses bras sur ses épaules comme pour l'emporter avec elle dans un va-et-vient empli de délicieuses promesses. A partir de cet instant, pour Arnaud, il n'y a plus d'embarras tant que Sarah « mène la danse ». Elle lui susurre des mots qui semblent l'apaiser, le réconforter. Elle approche ses lèvres des siennes, les lui caresse par petites touches. D'effleurement en effleurement, Arnaud force la délicate manoeuvre et s'empare de sa chair, celle de sa bouche tendre et pulpeuse. Ses mains descendent le long de son corps, en parcourent les courbes et apprivoisent sa divine féminité à peine éclose.

Sarah : Tu aimes ?
Arnaud : Plus que tout...
Sarah : Je te promets d'autres surprises encore plus agréables ce soir...
Arnaud : N'en dis pas plus...

Sur la piste, ils dansent seuls, ou presque, comme des célibataires endurcis ou des égocentriques sans empathie. C'est la tendance. La mode des valses et des tangos en duos enlacés n'appartient plus qu'aux salles de cours pour amateurs ou professionnels. Mais le danger du partenaire que l'on vous prend subrepticement court toujours. Sarah appartient à cette catégorie de danseuses que l'on chipe scandaleusement au nez et à la barbe de ces amants aveuglés ou maladroitement distants. Arnaud reste prudent mais son attention s'amoindrit au bout d'une heure d'ivresse physique.

Un jeune homme, à l'allure nonchalante, s'approche de la jeune fille. La musique facilite le contact des corps dans cette accablante chaleur. Le garçon éclipse progressivement Arnaud, qui se retrouve face à lui-même. Mais son ébriété diminue sa prise de conscience des rivalités diaboliques qui bondissent à tout moment sur la piste. Des femmes généreuses en gestes et libres de sensualité se déhanchent autour de lui. Quelle importance si Sarah ne le regarde plus à un moment ou un autre ! D'autres l'observent, l'admirent peut-être. Il sent qu'il existe au coeur de cette gent féminine complice et délurée.

Malgré un son tonitruant et une batterie vigoureuse, le nouvel adversaire donjuanesque tente la conversation en haussant sa voix, aussi claire et envoûtante que celle d'un comédien de doublage pour drames sentimentaux.

L'inconnu : Vous vous appelez comment, chère demoiselle ?
Sarah : Sarah ! Et vous ? Enfin... Toi ?
L'inconnu : Gianni !
Sarah : Enchantée, Gianni ! Italien, je suppose ?
Gianni : Pas vraiment. Mes parents, oui, mais moi, non !
Sarah : Tu viens souvent ici ?
Gianni : Régulièrement, on va dire ! Mais ce n'est pas ma boîte préférée. Et toi ?
Sarah : Je peux compter sur les doigts de ma main le nombre de fois que je suis venue ici. Mon copain n'aime pas trop les sorties.
Gianni : Ton copain ? Il est ici, j'imagine ?
Sarah : Oui, il est là (Sarah montre discrètement du doigt son compagnon, placé à deux mètres à peine de la demoiselle).
Gianni : Ca fait longtemps que vous êtes ensemble ?
Sarah : Quelques années, mais il y a eu des hauts et des bas, des ruptures, des reprises...
Gianni : Je vois... (Moment de silence) Je peux t'offrir un verre ?
Sarah (en jetant un oeil sur son compagnon qui la regarde d'un air suspect) : Oui, je veux bien.
Gianni : Un soft ou un cocktail ?
Sarah : Un Mojito s'il te plaît !
Gianni : O.K., va pour le Mojito ! Je reviens !

Arnaud s'approche de Sarah.

Arnaud : Qui est ce type ?
Sarah : Rien, c'est un habitué de l'endroit.
Arnaud : Tu le connais ?
Sarah : Non, mais t'inquiète, il a l'air sage !
Arnaud : Tu le trouves déjà sage après deux minutes de conversation ?
Sarah : Oui, je lui ai dit que tu étais avec moi. Tu n'as rien à craindre...
Arnaud : Tu as bien fait de le prévenir... Je vais aux toilettes. Je reviens dans cinq minutes.
Sarah : A tout de suite...

La caméra s'engouffre dans la foule déchaînée. Sarah continue son exhibition à l'harmonie paradoxalement chaotique. C'est le principe même des danses en solitaire quand elles veulent exprimer une singularité qui frappe l'imaginaire. Les regards mâles se posent sur elle... Et sur les autres silhouettes trop légèrement vêtues pour un mois de mars humide et rude. Mais la chaleur appelle la légèreté vestimentaire, provocatrice voire érotique, et le don de sa sensualité affirmée aux regards les plus avertis.

Gianni : Et voici un Mojito pour Mademoiselle !
Sarah : Oh merci, c'est trop gentil !
Gianni : Et si nous allions nous asseoir ?
Sarah : J'attends mon copain ; il est parti aux toilettes.
Gianni : Regarde, il y a une table disponible là. On peut y aller. Il nous verra.
Sarah : D'accord !

Le garçon, la trentaine bien entamée, lucide et séductrice, invite la jeune fille à la table montrée du doigt. Ils s'installent dans le confort de la banquette en velours, déposent leurs coktails sur des sous-verre de carton à l'effigie d'une marque célèbre de bière belge.

Gianni : Ton copain a beaucoup de chance !
Sarah : Pourquoi ?
Gianni : A ton avis !

Sarah sourit en baissant ses yeux. Elle sent la méthode de rapprochement assez franche mais lui laisse le plaisir de sortir ses armes de séduction.

Sarah : Tu es comme ça avec toutes les filles que tu rencontres ?
Gianni : Non, seulement avec celles qui me plaisent...
Sarah : Oui, je m'en doute mais...
Gianni : Je sais que j'y vais franco mais je suis plus extraverti qu'introverti. Je n'ai aucune intention de changer. Dieu merci, la timidité n'a jamais fait partie de mes défauts !
Sarah : Je ne trouve pas que la timidité soit un défaut. C'est vrai qu'elle peut être contraignante mais je trouve certains garçons timides bien plus touchants que ceux qui se la jouent trop sûrs d'eux !
Gianni : Tu me trouves trop sûr de moi ?
Sarah : Je ne te connais pas. On vient à peine de se rencontrer il y a cinq minutes.
Gianni : Alors, tu vas apprendre à me connaître et tu t'apercevras très vite que je suis loin d'être ce que certains pensent de moi.
Sarah : Je ne suis pas ici pour me faire draguer. J'ai déjà ce qu'il me faut. Alors je préfère te prévenir que tu perds ton temps avec moi.
Gianni (nullement embarrassé par cette franche déclaration) : Bien, bien. Sinon, dans la vie, tu es étudiante ?
Sarah : Oui, je suis étudiante en psychocriminologie.
Gianni : Wouaw... Une intellectuelle ! Félicitations...
Sarah : Et toi ?
Gianni : Je suis délégué commercial. Je bosse pour une entreprise spécialisée dans le sanitaire. Pas très folichon comme domaine mais ça paie bien, même en temps de crise !
Sarah : Je vois... Plutôt un vendeur avec du bagou alors.
Gianni : Oui, un vendeur avec du bagou !

Scène suivante.

Arnaud entre dans la salle. Les pans de la double porte se frottent l'un contre l'autre derrière lui. Il tente de retrouver sa "dulcinée" dans la foule frénétique. Il s'avance lentement, son regard sombre balaie la piste de gauche à droite. Tout à coup, il reconnaît Sarah, assise à une table dans l'obscurité. Face à elle, Gianni, de plus en plus confiant, tente une délicate approche en posant sa main sur celle de la jeune fille.

La caméra opère un travelling avant lent sur Arnaud. Son visage se ferme. Sarah retire sa main sans même se rendre compte que son compagnon l'observe de loin. En dépit de cette réaction rassurante, pour Arnaud, l'inconnu a franchi l'étape de trop. Apercevant le jeune homme, Gianni se lève, embarrassé par sa présence, comme pour s'excuser de son méfait, puis se rassied. Arnaud, le regard menaçant, sort brusquement de la salle.