samedi 10 janvier 2009

EPISODE 8 : "ME DELECTER DE SA BEAUTE" (Partie 2)

Hartmann a le visage dissimulé sous un masque vénitien. Vêtu d'un costume et d'un sous-pull noirs, il s'avance lentement vers Laura. La jeune fille, paniquée, fixe cet étrange personnage tout en essayant de se délier les mains. En vain...

Hartmann (pernicieux) : Vous voilà enfin réveillée, Mademoiselle Laura.

La bouche fermée, Laura ne peut prononcer aucun mot. Elle écarquille les yeux à l'approche du vieil homme. La main de celui-ci caresse alors le visage légèrement tuméfié de la jeune fille. Aurait-elle été violentée durant le voyage qui l'a menée de l'hôpital au domicile de Hartmann ?

Hartmann : Vous vous demandez sans doute ce que vous faites ici, jeune fille. En réalité, vous savez pourquoi vous êtes en ce lieu.

Laura se débat ; elle essaie d'émettre un cri mais la bande autocollante posée sur ses lèvres étouffe le moindre de ses gémissements.

Hartmann : Barnier est mon pire ennemi. Vous le saviez ça, n'est-ce pas ? Lorsque j'ai quitté cet imbécile il y a plus de trente ans, je m'étais juré de lui faire la peau. Puis, j'ai enquêté – à ma manière – sur ses affaires privées et professionnelles. Aucun détail de son existence ne m'a échappé durant tout ce temps. Trente ans plus tard, me revoici sur le devant de la scène.

Hartmann s'avance alors auprès de la demoiselle. Le masque vénitien laisse à Laura une impression de froideur machiavélique. Ses ouvertures oculaires ne laissent rien paraître du regard malsain que l'homme pose sur la jeune femme.

Soudain, il libère délicatement la bouche de Laura. La boule de tissu est soigneusement retirée. Laura, soulagée d'avoir retrouvé sa liberté de parole, s'en prend directement à son ravisseur.

Laura : Qui êtes-vous ?! Et qu'est-ce que je fais ici ?!
Hartmann : Ce soir, c'est le réveillon du nouvel an et j'aimerais m'amuser un peu.
Laura (inquiète) : Vous amuser ? Vous êtes un malade !
Hartmann : Vous êtes désormais entre mes mains, jeune femme.
Laura : C'est vous qui avez tué Mélanie ! Avouez-le !
Hartmann entre alors dans un éclat de rires, déroutant Laura, qui ne s'attendait pas à une telle réaction.
Laura : Qu'est-ce que vous allez me faire ? La même chose que pour Mélanie, c'est ça ?
Hartmann (reprenant ses esprits, s'approche du visage de la demoiselle) : Vous ne... pouvez pas... imaginer... à quel point... je vous... hais.
Laura : Espèce de salaud ! Barnier va vous retrouver et vous ne vous en tirerez pas comme ça !
Hartmann : Allons, allons... Mademoiselle Da Silva... C'est bien ça : « Laura Da Silva », n'est-ce pas ?
Laura : Allez vous faire foutre !
Hartmann : Nous allons jouer à un petit jeu très amusant.
Laura : Je ne jouerai à aucun jeu, et surtout pas les vôtres !
Hartmann : Vous savez ce que j'étais auparavant ?
Laura : ...
Hartmann : J'étais chimiste... La chimie est un domaine qui a connu de remarquables évolutions au XXe siècle.

Hartmann se dirige vers son lecteur CD. Il dispose sur le plateau de celui-ci un compact disc.

Hartmann : Vous aimez l'opéra ?
Laura : Laissez-moi partir ! Je veux rentrer chez moi !
Hartmann : Vous connaissez la « Tosca » de Puccini ? J'ai eu l'occasion de découvrir cette oeuvre aux envolées mélodiques dans de nombreux théâtres européens, lors de mes pérégrinations culturelles.
Laura (craintive) : Qu'est-ce que vous allez me faire ?
Hartmann : Je suis en train de revenir à ma toute première passion : la chimie.
Laura (excitée) : Arrêtez vos conneries et lâchez-moi !!
Hartmann : J'ai préparé pour vous une substance qui va vous transformer radicalement. (Hartmann s'approche de l'oreille droite de Laura et lui susurre quelques mots). Vous allez adorer.

Hartmann prend alors un pot contenant une substance crémeuse grisâtre extrêmement collante ; il l'applique ensuite avec une palette sur le visage tremblant de la demoiselle.

Laura : Arrêtez !! Arrêtez !! Qu'est-ce que vous faites ?!

L'oeuvre de la Tosca retentit dans la pièce comme un écho à l'angoisse de Laura.

Hartmann (murmurant) : Me délecter de votre beauté...

Laura sanglote, tentant de se mouvoir dans ces liens qui l'attachent solidement au siège crapaud dans lequel Hartmann l'a placée depuis plus de huit heures.

Hartmann : Je vais déposer sur votre visage un film de plastique.
Laura : Espèce de salaud !!

Hartmann s'applique alors à placer délicatement l'étrange morceau de plastique sur son visage.

Hartmann : Alors, maintenant, vous allez répondre à la question suivante : « Combien vaut le Réseau ? »

Laura : Le Réseau ? Vous ne le saurez jamais !! Vous entendez, vous ne le saurez jamais !!
Hartmann : Vous en êtes sûre, Mademoiselle Laura ?
Laura : Allez vous faire foutre !!!!
Hartmann : Vous l'aurez voulu ! Adieu beauté...

Et dans un mouvement rapide, le vieil homme enlève brusquement le plastique.

La caméra filme l'autre partie du salon. Un cri d'une intensité extrême retentit dans toute l'annexe.