samedi 6 décembre 2008

EPISODE 3 : QUI ÊTES-VOUS, MONSIEUR HARTMANN ? (Partie 2)

La caméra filme Marc sortant de la chambre tandis que, sur cette même scène, une voix off s'exprime ; il s'agit de celle d'un prêtre.

Prêtre : Voici ce que Saint Matthieu déclare au chapitre 10 de son évangile : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l'âme. Craignez plutôt celui qui peut faire disparaître le corps ET l'âme. »

La scène de la chambre laisse progressivement place à la scène de l'enterrement de Mélanie. Celui-ci a lieu dans la somptueuse basilique Saint-Martin de Liège. La caméra se déplace lentement du fond de la nef centrale vers l'autel devant lequel est placé un cercueil et un portrait peint de la défunte. La salle est bondée et l'atmosphère lourde.

Prêtre : Mélanie... Dans nos coeurs meurtris, nous nous souviendrons de toi comme d'une jeune fille pour qui la vie était un défi permanent. (La caméra filme en gros plan les visages pris par l'émotion). Tu as accepté les aléas de l'existence et jamais tu n'as baissé les bras devant les obstacles. A nous désormais de supporter l'insupportable, de dire l'indicible et d'espérer l'inespéré. (La caméra placée au-dessus du cercueil descend lentement vers celui-ci.) Que Dieu tout-puissant et miséricordieux te bénisse, Mélanie. Que là où tu te trouves désormais, tu puisses vivre dans une réjouissance permanente ce que nous souhaitons pour les défunts qui nous sont chers.

Le cercueil est soulevé par quatre hommes vêtus chacun d'un élégant trois pièces noir. Un pianiste s'emporte dans la gravité de la "Marche funèbre". Le ton est aussi solennel que pénible. Les visages sont marqués. Les porteurs avancent d'un pas lent et régulier vers la sortie de l'église.


Scène suivante : Marc Lejeune et Caroline Leroy, le regard dissimulé derrière de larges lunettes noires, entrent dans une voiture garée non loin du parvis de la basilique.

Un homme les interpelle : Monsieur Lejeune ! (Marc se retourne et aperçoit l'individu pressé d'aller à sa rencontre) Monsieur Lejeune, excusez-moi de vous déranger ! Je... Je suis Jacques Beaumont !
Marc (un peu surpris) : Enchanté !
Jacques Beaumont : Je suis l'ancien patron de Mélanie ! (Il présente à Marc une lettre). Tenez, regardez ce que j'ai trouvé. (Jacques tend la lettre à Marc) Cette lettre trainait près de l'autel ; elle vous est adressée.
Marc (lisant l'intitulé sur l'enveloppe) : « MARC LEJEUNE »
Jacques Beaumont : Voilà, je vous laisse à présent. Recevez mes plus sincères condoléances. Mélanie était une chouette fille ; nous regretterons son absence. Croyez-le bien.
Caroline Leroy : Merci à vous.
Marc : Merci.
Caroline : Je me demande ce que peut bien contenir cette lettre.

Marc déplie soigneusement la feuille contenue dans l'enveloppe ; la caméra filme en gros plan le visage du jeune homme tentant de déchiffrer l'écriture de l'auteur anonyme. Sur le papier, des mots aux lettres épaisses préviennent : « SOYEZ PRUDENTS... L'AVENTURE NE FAIT QUE COMMENCER. »
Caroline (observant le regard inquiet de Marc) : Marc ? Est-ce que tout va bien ?
Marc : Tiens, lis ceci. Je crois que... Je crois que nous sommes cernés, Caro.
Caroline : Cernés ? Que veux-tu dire ? (Caro découvre alors le troublant message).
Marc : Nous devons prévenir le groupe, Caro.
Caroline : Marc... Que se passe-t-il ? Je ne comprends rien !
Marc : Je ne sais pas mais une chose est sûre... (Marc regarde autour de lui et observe les gens quittant l'église.) Il va falloir se préparer au pire...

L'image figée sur le regard apeuré de Caroline laisse place progressivement à la scène suivante.

Une imposante berline noire roule à vitesse réduite dans un quartier d'Embourg, localité prospère située à la périphérie de Liège. Le véhicule ralentit et s'introduit dans une vaste propriété de quatre hectares dont la villa, symbole d'une architecture constructiviste révolue, s'impose comme un manoir des temps modernes au milieu d'une verdure parfaitement entretenue. Le véhicule s'arrête devant la façade composée de quatre majestueuses colonnes, rappelant vaguement les temples religieux de l'Antiquité grecque. Trois hommes se dirigent vers la porte d'entrée. L'un d'eux appuie sur le bouton du parlophone.

L'homme : Monsieur Hartmann ? Nous sommes là !
Mr Hartmann (répondant via le parlophone) : Aaaah enfin... Ce n'est pas trop tôt ! J'arrive !

Quelques secondes s'écoulent.

Mr Hartmann (ouvrant la porte) : Vous voilà ! Entrez, je vous en prie !
L'homme (pénétrant dans le vaste hall d'entrée) : Monsieur Hartmann, l'affaire est réglée.
Mr Hartmann : Bien ! Excellent travail ! J'ai été mis au courant par la presse. Mais la petite Laura est toujours vivante, elle, n'est-ce pas ?
L'homme : Oui, mais nous nous chargeons d'elle.
Mr Hartmann : Oh heu... Dans la mesure du possible : ramenez-la ici au plus vite. J'aimerais m'amuser un peu avec elle.

L'homme regarde ses comparses. Il se tourne vers Mr Hartmann.

L'homme : Pas de problème. Si vous souhaitez l'avoir, nous ferons le maximum.
Mr Hartmann : Je ne vous demande pas de faire le maximum. Je vous demande de me la ramener.
L'homme : Compris, Monsieur Hartmann.

Une belle jeune femme d'environ trente-cinq ans arrive dans une impressionnante chaise roulante électrique. Elle s'adresse à son père à l'aide d'un vocalisateur artificiel.

La femme : Qui sont ces gens, papa ?
Mr Hartmann : Des amis, ma chérie. Ne reste pas dans le hall d'entrée. Tu sais bien que ce n'est pas bon pour toi...

La femme actionne la tige métallique située à hauteur de ses lèvres. Sa chaise électrique se tourne brusquement pour se diriger vers l'entrée du salon.

L'homme : Mr Hartmann, nous devons vous laisser à présent. Nous avons du travail !
Mr Hartmann : Bien, bien... Travaillez correctement et vite ! C'est le minimum que j'exige de votre part !
L'homme : Comptez sur nous. Nous ferons vite... et bien !
Mr Hartmann : Alors... Que l'aventure continue...